Dans quels cas pouvez-vous toucher la prime de noël ? Puis-je la percevoir si je suis au chômage ? Quel organisme va me la verser... Posez ici vos questions concernant la prime de noël
By chetan112
#8765
Je suis en train de me relire et de me rendre compte que c'est trèèèèès long. Si vous avez la flemme de tout lire, le dernier paragraphe suffit largement !

J'hésite à poster depuis un moment par peur peut-être irrationnelle qu'on se moque de moi, qu'on considère que ce genre de post n'a rien à faire ici. Mais j'ai besoin de sortir tout ça, relâcher un peu la pression par écrit, savoir ce qu'en pensent ceux qui sont passés par là. Y a probablement des tas de trucs inutiles dans ce que je vais dire, mais j'écris ça en grande partie pour moi. J'utilise un compte jetable puisque mes rares proches connaissent mon pseudo sur internet.

Ma mère me dit que quand j'étais petit, j'étais un gosse souriant, le genre à sauter partout, heureux de vivre. J'ai appris à lire tout seul très tôt, j'étais considéré "précoce" (lol), c'est pourquoi on m'a fait sauter le CP. Résultat je suis arrivé en sixième une année trop tôt, clairement pas assez mature pour le collège, je me suis mangé la cruauté de mes "camarades" pendant 4 ans. Je ne vais pas détailler, mais pendant ces quatre années j'étais seul, j'avais perdu le sourire, et je n'ai pas pu développer mes capacités sociales. J'étais devenu très timide et renfermé. Arrivé en seconde pensant que ça irait mieux, nouvelle vague de cruauté. Je ne blâmais pas les autres, mais moi-même et mes skills sociaux inexistants qui m'amenaient être mal vu des autres. Je passais les récrés au CDI, enfermé aux toilettes, ou dans les couloirs à marcher en faisant comme si j'avais un but, ceux qui ont connu ça se reconnaîtront. J'ai redoublé, changé de lycée, et globalement ça allait mieux. Personne ne s'intéressait à moi, mais personne ne se moquait de moi donc ça me convenait. J'ai pu me faire quelques potes à l'internat, on se tournait autour avec une fille sans que ça n'ait jamais conclu, j'avais l'impression d'aller mieux. J'étais plutôt heureux dans mon club de cinéma, et j'ai terminé avec un bac littéraire.

J'ai enchaîné sur une fac de droit des assurances. J'ai appris à aimer le droit, mais les assurances je m'en battais et m'en bats toujours les couilles sévèrement. Pas le choix, pas assez d'argent pour étudier ailleurs qu'à Niort, mais au pire y a un taf bien payé derrière donc pourquoi pas. Mais à ce moment là, la dépression a frappé. J'étais redevenu le gamin triste et renfermé du collège. J'étais le mec bizarre à qui personne ne voulait parler, dont on se moquait dans son dos, j'étais incapable de focus sur mon travail (alors que jusque là, écouter en cours sans réviser suffisait pour avoir des super notes) et j'ai raté mon année. J'en ai recommencé une en me disant que cette fois je m'y mettais à fond, mais la dépression a empiré et j'ai pris la première occasion pour arrêter d'y aller. A suivi une année entière de dépression intense que j'ai passé dans ma chambre, alternant entre mon ordinateur, mon lit, et la salle à manger de mes parents. J'ai tenté de remettre de l'ordre dans ma vie et me suis dit que puisque je suis doué en informatique, autant me lancer dans une formation de l'AFPA en réseaux informatiques. Je m'en suis bien sorti pendant un mois ou deux, puis suite à un coup de pression de mon covoiturier ancien militaire qui m'a laissé sur le bord de la route à cause d'une histoire de payement, j'ai reperdu toute la confiance en moi que j'avais réussi à assembler. Mon travail a chuté, j'ai terminé l'année en ne reparlant plus à personne et en lisant reddit au lieu de bosser, et je suis le seul à avoir raté mon diplôme.

Aujourd'hui j'ai 24 ans, ça fait trois ans que je suis sorti de l'AFPA, et plus rien ne va. Après une tentative de suicide aux médicaments ratée et un mois en hôpital psychiatrique, j'ai été suivi par la soi-disant meilleure psychiatre de Niort, qui n'a fait que me gaver d'antidépresseurs qui n'ont fait qu'émousser mes émotions et me niquer la libido sans rien changer à mon moral. J'ai suivi une psychothérapeute sans que ça n'aille nul part. Cependant, j'ai fini par remarquer que mon problème était peut-être lié à mon sommeil puisque je passais mes journées à dormir et bingo, on m'a découvert une apnée du sommeil sévère. On m'a équipé d'un respirateur pour dormir, j'ai arrêté les médicaments qui ne m'avaient jamais rien apporté de bon en deux ans, et on m'a dit que ma vie allait changer. J'en étais persuadé mais après des mois et des mois, que dalle.

Aujourd'hui j'ai 24 ans et ça fait six ans que j'ai quitté le lycée, six ans que ma vie s'est arrêtée. J'hallucine à chaque fois que je regarde la date et que je me rends compte que la dernière fois que je me suis senti bien est si loin en arrière. J'ai l'AAH, la RQTH, et je vis dans un appartement avec mon chat que j'aime et qui est ma seule joie de vivre. J'adorais lire, faire de la musique même si j'étais nul, jouer aux jeux-vidéos, mais je n'arrive plus à rien faire de tout ça. Je passe mes journées sur internet, à tuer le temps en regardant les mêmes youtubeurs et streameurs qui ont continué à avancer dans leur vie quand la mienne s'est arrêtée. Je me suis inscrit à la salle pour essayer de changer un peu les choses et perdre le poids que la dépression m'a fait prendre, mais j'y vais de moins en moins, me motiver est un enfer. Je ne sors que pour acheter à manger et du liquide pour ma cigarette. Mon rythme de sommeil est épouvantable, et il se détruit plus à chaque fois que j'essaie de le recaler. J'ai un meilleur ami qui me soutient et des parents qui m'aiment, mais c'est quand ces derniers ont une fois de plus fait le ménage à ma place dans mon propre appartement hier que je me suis rendu compte d'à quel point j'étais devenu un minable. J'aimerais trouver un boulot, une formation, mais je sais franchement pas si j'en suis capable dans mon état. J'ai tenté un service civique à la croix-rouge en tant que formateur aux premiers secours, ça allait plutôt bien au début et j'adorais ce que je faisais (j'ai beaucoup d'empathie et j'aime aider mon prochain), mais au bout de deux mois j'étais redevenu suicidaire et on m'a renvoyé (à ce moment j'étais encore sous médicaments). Mon esprit est devenu un nœud gordien de contradictions, de perceptions fausses de moi-même et du monde réel. A chaque fois que j'ai l'impression d'avancer, c'est retour à la case départ. Je n'ai plus d'envies suicidaires et c'est déjà pas mal, mais je ne sais plus comment faire pour m'en sortir. J'ai l'impression que je ne sortirai jamais de la dépression, qu'une fois qu'elle est là c'est pour toujours.
Modifié en dernier par chetan112 le ven. 2 oct. 2020 07:07, modifié 1 fois.
By Dorothée
#8781
Bonjour chetan112,

Merci pour votre témoignage. J'espère que d'autres personnes viendront témoigner sur le forum et partager leur expérience avec vous. Je vous souhaite de trouver des solutions avec votre entourage et les personnes qui vous accompagnent.
Accrochez-vous !!!

Cordialement.